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Une année en Indonésie...
27 janvier 2010

Joe' le becak

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Sans le becak, Medan ne serait pas Medan. Ca doit etre comme les taxis londoniens ou new yorkais, ils font partie du paysage. Bruyants, colores, a la conduite hasardeuse, lieux de sieste improvise quand les clients ne sont pas legions, lieux de bataille quand les clients sont la...ils sont toujours presents, dans les bons comme dans les mauvais moments. A tel point que generalement, les Indonesiens ont leur propre becak driver, qu’ils appellent quand ils en ont besoin. Mais j’ai voulu tester plusieurs chauffeures de becak, pour rigoler...et je n’ai pas ete au bout de mes surprises.

Essence frelatee!

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-          Certains aiment parler plus que tout, chose courante. Ils en oublient meme de demarrer au feu vert, voire meme de regarder ou ils vont (j’en suis deja a mon troisieme accident de becak, sans gravite, ce qui est un exploit quand on sait que les becak sont un assemblage de vielle moto/scooter/vespa, de ferailles et de bois). Quand je leur dis que je suis francais, on parle foot...et ils me parlent toujours des memes joueurs: Zidane, Thierry Henry (notre Maradona a nous, la ligne de touche en moins sous le nez), Benzema (j’attends qu’il confirme au Real sinon je vais avoir l’air d’un con) et...Ribery. La “motocyclette’ ayant l’immense avantage d’etre musulman. Sarkozy, notre homme providentiel, n’est jamais cite...j’en suis profondemment vexe, et je suggere que Frederic Lefevre, toujours a l’affut d’une connerie, lui propose de venir ici...ou alors Sarkozy devient musulman...mais dans ce dernier cas, gare au retour de minaret.

-          Pour etre chauffeur de becak, le permis de conduire ne sert a rien. Il suffit d’etre imprudent. Le must etant, pour le chauffeur de becak (mais beaucoup moins pour son passager) de n’avoir aucun retroviseur, pas de phare avant, pas de clignotants, des pneus uses, une becane aux portes du cimetiere des elephants local, et une connaissance approximative des rues et de leur emplacement.

-          L’important, c’est la reprise de l’engin. Si ca ne suffit pas pour eviter les accidents, cela suffit a s’echapper...

-          Si la technique et la technologie ne sont pas importants, l’esthetique, par contre, est primordiale: fleurs en plastique sur le guidon, frous frous aux couleurs delavees, bache avec Mickey et tous ses amis font fureur. A moins que vous ne preferiez une bache faite d’une affiche politique ou d’une publicite decoupees. Il y a le choix. Et l’option cabriolet existe aussi, mais s’il pleut... A propos du becak cabriolet, j’en connais un de ma rue qui est conduit par un vieil homme. Bon, ca va pas vite, ca tremblotte, mais comment dire...sur une grande avenue, on se sent comme De Gaule remontant les Champs Elysees...une experience unique. Un jour je vais leur dire que je les ai compris...

-          La debrouille, le systeme D, restent le meilleur moyen d’arriver a bon port: eviter les embouteillages, esquiver les nids de poule (apres mesure, le record homologue par mes soins est un trou de 40 cm dans la chaussee, ce qui m’a valu le regard consterne des locaux durant la seance de mesure), eviter pietons, chats, chiens et rats intempestifs...cela recquiert des reflexes.

-          Conduite sur eau...ou aquaplanning controle. Moise n’etant pas au gout de la religion dominante, on ne peut que se fier a son instinct. En saison des pluies, il m’est pas rare que certaines rues soient recouvertes de plus de 10 cm d’eau. Outre le fait que l’on ne voit pas ou on va, surtout de nuit (je tiens a rappeler que la nuit tombe vers 18heures), le moteur peut se retrouver sous l’eau... Il convient alors de faire confiance a la fois au chauffeur et a la mecanique. Ce qui demande un esprit positif a toute epreuve.

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        Il arrive aussi que le chauffeur du becak ne comprenne pas ou vous allez. La, ca devient dur, comme le prouve une experience vecue en octobre. Le trajet depuis mon bureau et ma maison dure generalement 15 a 20 minutes, selon le trafic routier. Ce soir la, il dura 1h30. Ce jour la, je sors du bureau et hele un becak, puis lui indique mon adresse. Tres confiant, j’ai droit a un Yes Mister auquel je ne crois guere. La suite me donna malheusement raison. Nous voila donc parti par une route que je ne connais pas, mais chaque chauffeur a son itineraire de predilection, donc je ne m’inquiete pas. Au bout d’une vingtaine de minute, nous nous engageons sur une voie frequentee par de nombreux camions. Il faut savoir que peu de camions entrent dans Medan, principalement a cause du trafic routier. J’en conclus donc que nous sommes sur la mauvaise voie et propose au chauffeur de regarder la ccarte de la ville de Medan, dont je ne me separe jamais. Apres un rapide coup d’oeil, il me dit qu’il a compris, le tout accompagne d’un Yes Mister. Dans le dedale des rues, j’avais perdu le sens de l’orientation depuis bien longtemps. Mais il m’amene dans une rue s’appelant Jalan Pembangunan (Rue du Developpemenet). La rue ou j’habite porte le meme nom, mais je ne reconnais pas la rue. Deux constats s’imposent:

-          Le chauffeur de becak ne sait pas lire une carte

-          Il existe deux rues du developpement a Medan, et rien ne permet de les distinguer sauf une carte, ce qui renvoie directement a la preniere remarque

        Conclusion: nous sommes a nouveau perdus. Apres une rapide consultation aupres d’un warung (ce que j’apelle les boui boui ou je mange habituellement) nous partons dans une direction opposee. Las de me promener, et sachant que le prix de la course avait ete fixe a l’avance comme il est de coutume, mon chauffeur de becak voit une eglise...et s’arrete.  Il faut savoir que les Indonesiens fonctionnent avant tout sur des associations d’idees, comme la structure de leur langue en est la demonstration. Et generalement, l’association d’idees est sommaire. Dans ce cas: “blanc = chretien = eglise”. Donc, selon mon chauffeur, j’habitais dans une eglise, et la premiere trouvee etait la bonne. Manifestant mon enervement, il comprend que ce n’est pas la que j’habite et accepte enfin de me faire confiance. Je me suis donc retrouve a faire le copilote du chauffeur avec ma carte afin de retrouver ma taniere...ce qui, au final, a pris 1h30...et dire que ce soir la j’etais fatigue et presse de rentrer chez moi...

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Commentaires
P
Tu m'as fais trop rire avec cette histoire! Felicitaciones por el blog y por las finas descripciones que hacés. No lo abandones! Gros Bisous.
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