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Une année en Indonésie...
1 septembre 2009

Visite de sites de plantation

Vendredi 28 août :

                Avant de vous conter (et non vous compter comme écris dans le post précédent), je tiens à m’excuser auprès de mes lecteurs pour les fautes d’orthographe et de syntaxe que j’ai commises dans mes publications précédentes…Loin de me chercher des excuses, il est vrai que j’écris en fin de journée, et que je n’ai pas le courage de me relire…Toutes mes excuses donc, en espérant que ces bévues ne vous ont pas donner envie de déserter ce blog !

                Reprenons le fil de mes aventures. Hier, j’ai donc appris avec attendre que le verbe n’est pas forcément signe d’action. Une autre leçon : ici aussi, plus c’est long, plus c’est bon, mais pas exactement pour les mêmes raisons.

                Aujourd’hui, une autre journée de terrain se profilait à l’horizon, avec un lever à 6 heures du matin pour un départ prévu à 7 heures. Autant vous dire qu’après l’épisode du jeudi, je m’attendais à un vendredi de la même facture. Je me levais pourtant à 6 heures, frais debout comme un chavroux fraichement démoulé. 7h10, le pick up est devant l’hôtel avec tout le monde à bord. Suis-je toujours en Indonésie ? En bon coordinateur de projet, je ne veux en aucun cas briser cette belle dynamique au sein de l’équipe. Nous voilà donc partis pour Pantai Labu (prononcez Pantaïe Labuuuu), ce qui requiert environ 2 heures de voiture. Nous faisons en fait le chemin inverse (et très solitaire) de la plupart des indonésiens qui vivent aux alentours de Medan : nous quittons la grande métropole. Cela ne se fait pas sans problèmes : tout d’abord nous sommes presque les seuls à prendre cette direction, et nous avons donc l’impression d’être en sens inverse sur une autoroute, nous frayant un chemin à grand renfort de coups de klaxon et de manœuvre d’évitement. Nous voyons donc arriver sur nous un mur (nous ne parlerons pas de vague en raison des tsunamis) de motos, scooters, mini vans, voitures et autres chariotes roulantes pendant près d’une heure. Puis vient la route en terre, nous arrivons vraiment en zone rurale. D’ailleurs, la photo d’hier du camion renversé avec le gars qui dort dessus vient de là…ben quoi, y’a que les équipes de Sarko qui ont le droit de jouer avec les effets d’image ? Il nous reste encore une heure de chemin de la sorte, entre les plantations de palmiers à huile (nos ennemis jurés), les maisons en bois aux toits de palmes et les bras de rivières. Sur la route, j’en profite pour goûter la mixture préparée par Parusak, et qui est censée être énergisante : gingembre, un truc inconnu, et un œuf…pas évident de bon matin, et surtout complètement anti-Ramadan. Mais comme vous allez le voir par la suite, Parusak n’est pas un musulman ultra orthodoxe.

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Centre de Belawan               

           Nous arrivons enfin à Pantai Labu, le fessier légérement endolori…nous ne voulons pas penser à la route du retour. Une brève mise au point sur le village : village de pêcheur en bord de mer, Pantai Labu est entouré de mangrove et baigne les pieds dans l’eau, un pied dans la mangrove et sa boue, l’autre dans les immondices. Il faut dire que les indonésiens, à l’instar de beaucoup d’autres populations de pays en développement, considèrent la nature comme un dépotoir. Evidemment, quand aucun système de collecte d’ordures existe… C’est d’ailleurs assez étonnant que les acteurs du développement autant que les entreprises ne se penchent pas plus sur ce « marché ». Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le petit village a vécu un moment de communication énorme il y a quelques mois. La chaîne Gulli TV a décidé de planter, dans le cadre du projet que je coordonne à présent, 20 hectares de mangrove, avec en prime la venue de la chanteuse anglo-indonésienne Angun. On a donc construit pour l’occasion plein de petites infrastructures (pontons en bois, petite pépinière, panneaux indicateurs), qui, quelques mois plus tard, et j’ai pu le constater malheureusement, sont à l’abandon.

                L’occasion pour moi de faire un point sur ce genre d’événements promotionnels. Ils sont nécessaires pour une ONG comme la nôtre, car nous avons besoin de nous faire connaître en Occident pour récolter des fonds et développer le projet (une ONG, c’est un peu comme un étudiant : on perd de l’argent pendant des années pour en récolter les fruits plus tard : cela s’appelle un investissement, mais une ONG ne rapporte jamais en aussi peu de temps ce que peut rapporter un actif financier toxique…qui a dit que les choses sont mal foutues ?). Et en soit, la construction d’infrastructures, même peu utiles à la population locale, n’est pas néfaste et crée quelques emplois temporaires, donc quelques rentrées de fonds. Mais il faut voir au-delà de l’événement en lui-même : si les chefs de village se sentent valorisés, si les populations ont l’impression qu’on s’intéresse à elles, si grâce à cela le projet peut continuer à se développer grâce aux nouvelles rentrées d’argent, il ne faut en aucun cas que toutes ces parties prenantes soient abandonnées une fois les projecteurs et les caméras éteints. Cela va donc faire partie intégrante de mon travail…faire en sorte que « life must go on and better » après le « show ».

                Revenons à cette journée. Nous visitons quelques sites de plantation, prenons les coordonnées GPS et vérifions l’état sanitaire des arbres (et avec de la boue jusqu’aux genoux, je vous assure qu’on ne va pas loin).Il est 10h30 lorsque Parusak nous annonce d’un ton impérieux : « il est temps d’aller chercher à manger »…non ! pas au supermarché, il n’y en a pas. Nous partons donc à la pêche aux crabes…et finalement, je ne me débrouille pas trop mal : un crabe de 200 grammes ! En même temps, c’est facile : vous prenez une tige de bois, une sorte d’élastique (un tronçon de chambre à air fera l’affaire), des bouts de poissons ramassés par terre au marché, et vous attendez…3 crabes plus tard, nous rentrons à la maison du village en passant par les pépinières d’arbres de mangrove. Nous rencontrons alors un pêcheur qui nous vend un poisson chat et 500 grammes de coques (non, pas de coke !) pour environ 1 euro 50. A propos du poisson chat, je tiens à dire que si en France ce n’est pas un met très apprécié, ici, c’est un honneur que d’en manger (nous nous gardons cependant de révéler cela à nos hôtes). Nous nous asseyons donc autour de la table du bouiboui qui fait office de bureau, le tout autour de deux litres de bières à température ambiante, soit 35 degrés. Oui, Parusak est musulman (rare chez un Batak de Sumatra, cette communauté étant généralement catholique), mais Parusak a soif… et veut à tout prix nous faire plaisir ! Ramadan oui, gosier sec, non ! Ventre vide non plus d’ailleurs, puisque vient le repas : un crabe chacun, des coques à ne plus savoir quoi en faire, du poisson chat au barbecue, le tout avec du riz et de la sauce…D’ailleurs, le chef du village décide que je dois être initié à la sauce piment locale. Bon, je dois traiter directement avec lui pour le projet par la suite et je décide donc de lui faire plaisir. D’autant plus que, ne parlant pas anglais, il me parle en indonésien et je ne comprends vraiment pas tout. Mais vu qu’il rigole tout le temps, soit c’est rigolo, soit il se fout de ma gueule. En tout cas, Parusak me dit qu’il m’aime bien, et que ça l’amuse de me voir toujours plein d’entrain et si jeune (il faut dire qu’ils n’ont pas l’habitude de parler du projet avec un jeune de 26 ans). Je tente donc la sauce piment : effectivement, c’est fort, ça pique les yeux et ça fait transpirer…mais ce n’est pas mauvais… J’ai la bouche en feu, mais mon interlocuteur local est mort de rire, l’opération séduction est en bonne voie…Je vous jure, il faut savoir payer de sa personne ! En même temps, je ne sais pas si ce sont mes voyages gustatifs précédents, mais mon ventre va très bien…à moins que ce ne soit le riz, qui lui aussi est pimenté remarquez !

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             Pêche au crabe 

                Le repas terminé, nous partons sur un autre site de plantation, en compagnie d’un deuxième chef de village. Celui-là est moins jovial que le premier, plus gros aussi, mais à eux deux, on ne parvient pas à reconstituer une dentition complète ! Nous voilà donc partis en pick up, les deux chefs fumant leurs cigarettes au clou de girofle. Après un rapide coup d’œil aux plantations (la marée est en train de monter), nous allons à la maison du deuxième chef de village. Nous nous installons donc sur une sorte de table, au milieu des canards, poulets, chiens et autres moutons, avec des gamins qui me regardent de leurs yeux ébahis. Parusak discute longuement avec eux du projet, et à la fin, le chef du premier village se tourne vers moi et me dit un truc que je ne comprends strictement pas. Et il explose de rire. Vu que depuis le matin il se marre bien quand il me dit quelque chose que je ne comprends pas, je décide de lui faire comprendre que l’inverse peut être vrai…je lui réponds donc, en français dans le texte : « Tu as raison gamin, je suis d’accord avec toi, ça roule ma poule ». Et là, explosion de rire : je crois que j’ai passé un test. Je suis très jeune, d’accord, je ne comprends pas encore l’indonésien, c’est évident, mais je ne me laisse pas faire non plus. Et chez un peuple de commerçants, ça veut dire bien des choses. Après deux bourrades sur l’épaule (les indonésiens sont très tactiles entre personnes du même sexe), nous repartons. Une chose est sûre : en zone rurale, l’anglais ne sert à rien, mais alors vraiment à rien !

                Puis vient l’heure du retour, après un détour au bouiboui de Pantai Labu pour une autre discussion à propos du projet. A ce moment là, je me sens agrippé : d’une part par les gamins, qui ont ramené un ballon de foot et m’appellent Thierry Henry (il doit y avoir erreur sur la personne, et ce à plus d’un titre…de champion ?) mais aussi par deux petites bêtes. Ces petites bêtes, dont personne n’a su me dire le nom, sont des bébés singes, même s’ils ressemblent plus à des lémuriens. Me voilà donc en train de jouer au foot avec une de ces bestioles adorables (et bruyantes) sur l’épaule…

                Après une journée aussi chargée, je ne suis pas mécontent de m’endormir dans le pick up sur le chemin du retour…à plus tard !

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